Le village perdu de Chavin de
Huantar, niché dans une haute vallée des
Andes du Nord-Pérou, fut un grand centre religieux
qui a donné son nom à une imPORT 213,245,85,127,134,57
, se trouve un grand bâtiment en pierre
taillée, d'une hauteur
remarquable. C'était l'un des plus
célèbres sanctuaires païens - comme le
sont pour nous Rome et Jérusalem - où les
indiens venaient offrir leurs sacrifices, car l'esprit du
lieu disait l'oracle, et c'est pourquoi ils venaient des
quatre coins du royaume..."
les
mystères de CHAVIN
Les voyageurs du 19e siècle parmi lesquels
Alexandre de Humboldt (1810), Antonio Raimondi
et surtout celui qui fut le premier "chavinologue" selon
l'expression de Kauffmann Doig, Ernst W. Middendorf ,
donnèrent des descriptions des ruines. Lorsque
le grand archéologue Julio
C. Tello
commença ses recherches sur le site en 1919, il fut
très impressionné par cette civilisation de
Chavin dans laquelle il voyait "l'origine de la civilisation
andine". Il écrivait alors "qu'aucune autre des
civilisations préhistoriques des Andes ne
présente des caractéristiques aussi
marquées que la civilisation de Chavin..."
Le site
archéologique Les ruines de Chavin sont
situées sur la rive gauche du Rio Mosna, un affluent
du Marañon, et constituées d'un vaste ensemble
de terrasses, de places et de bâtiments pyramidaux
dont le plus important est connu sous le nom de El
Castillo, également appellé Templo
Tardio ("Temple tardif"), en opposition au Temple du
Lanzón, bien plus ancien). Du côté du lit du Rio
Mosna, dont une forte alluvion, en 1945, a en partie
noyé le site en lui causant des dommages
irréparables, se trouve une place surbaissée
dite Plaza Hundida (Place Enfouie), de 48 m de
côté, au centre de laquelle se dressait
l'Obélisque Tello, aujourd'hui
déposée au Musée National
d'Anthropologie à Lima. (figure ci-contre). Elle est
flanquée au Nord et au Sud de deux bâtiments
similaires, hélas très dégradés
qui devaient servir de tribunes et recevoir le public
assistant aux cérémonies de la Plaza
Hundida. Dans l'angle Sud-Ouest de la place,
se trouve un curieux rocher, dit Choque Chinchay,
où sept cupules creusées dans la pierre
délimitent vaguement la silhouette du Dieu-jaguar de
Chavin et semblent représenter les sept
étoiles de la constellation d'Orion (laquelle domine
le ciel équatorial pendant la saison des
pluies). L'angle Nord-Ouest, quant à
lui, est occupé, dans l'alignement du bâtiment
Nord, par un escalier monumental de 16 m de large,
dénommé Graderia Middendorf, qui
donnait accès à un édifice
détaché du reste de l'ensemble, le plus
septentrional et nettement le plus tardif de
tous. A l'Ouest de la place, en direction
du Castillo, on distingue nettement trois plateformes; la
première est accessible par un escalier monumental de
5 marches, large de 6 m; la seconde est desservie par le
fameux Escalier des Jaguars, en pierre noire à
droite et blanche à gauche, et aux alentours duquel
on pourra apprécier plusieurs pierres
sculptées.
La troisième (à laquelle on accède par
un escalier recouvert d'une voûte, puis par un autre
plus petit, à l'angle Sud-Ouest de la pyramide) est
dénommé El Zocalo et sert de base
à la pyramide elle-même, dont toute la
façade est décorée de dalles, sortes de
planches lithiques qui devaient supporter en frise des
pierres sculptées d'êtres anthropomorphes et
d'animaux dont quelques éléments,
découverts dans les ruines, ont été
déposés dans les galeries souterraines du
temple du Lanzon.
Le centre de cette façade est occupé, dans
l'axe de la place et des autres escaliers par un portique
monumental, dit La Portada, dont les colonnes et les
linteaux étaient décorés de
félins; il n'en reste plus que quelques vestiges.
Derrière ce portique, deux escaliers latéraux
donnent accès au second étage du Castillo
à l'intérieur duquel existent plusieurs salles
et galeries souterraines, dont la chambre des poutres
décorées (vigas decoradas ) où
furent sculptés des animaux aquatiques qui conservent
quelques vestiges de polychromie. Vers la partie
postérieure de la pyramide, la galerie des pierres
sculptées et la galerie des captifs sont
également souterraines, la dernière communique
avec la Galerie des Chauve-souris , sans doute la
plus ancienne (vers 1200 avant J.-C.).
Enfin, le Castillo était décoré, sur
ses quatre côtés des fameuses Cabezas
Clavadas (têtes clouées), figures tout
à fait emblématiques du site de Chavin, qui
sont des têtes sculptées en ronde bosse,
encastrées dans la maçonnerie et dont on a
laissé un seul exemplaire en place, les autres
étant conservées à l'abri des
intempéries dans les galeries du Temple du
Lanzón.
l'Obélisque
Tello
Beaucoup d'hypothèses ont
été émises sur la finalité de ces têtes
saillantes et grimaçantes : certains y voient des "gardiens" chargés
d'éloigner du temple les mauvais esprits, d'autres les reproductions
symboliques des têtes coupées des guerriers ennemis, et les
derniers des sortes de potences qui servaient, justement à pendre
ou à accrocher les suppliciés. Au Nord du Castillo, et en partie contigue à
ce dernier, se trouve la partie la plus étonnante, et certainement
la plus mystérieuse de Chavin. C'est le Temple du
Lanzón, que les archéologues ont dénommé
Templo Temprano (Temple Primitif). Il est précédé
d'une autre Plaza Hundida , beaucoup plus restreinte que la première,
et de forme circulaire, qui ne fut découverte qu'en 1972 et au
fond de laquelle furent mises à jour plusieurs pierres votives
sous forme de stèles qui entouraient la dite place, représentant
des êtres ailés à tête de jaguar. Quant au sanctuaire lui-même, en forme de
pyramide légèrement inclinée, il est à l'extérieur
très dégradé. A l'intérieur (à
partir de deux portes s'ouvrant sur la façade) un escalier central
mène à un labyrinthe complexe de galeries souterraines où
fut découvert le monument le plus singulier du site : un monolithe
de 4,60 m de hauteur, dit le Lanzón, encastré
dans les dalles du plafond et fiché en terre, comme un poignard.
La partie apparente du monolithe figure un personnage effrayant, bras
collés au corps, une main retournée dans le dos, avec une
tête de félin, où deux crocs recourbés jaillissent
de la bouche. Au dessus de la tête, au centre de la haute partie
frontale, est creusée une gouttière, laissant supposer qu'une
chambre de sacrifices était situé au dessus du monolithe,
communiquant avec celui-ci, et que le sang des sacrifices, empruntant
cette gouttière, devait arroser la tête de l'idole jusqu'aux
rainures de la bouche. la Stèle
de RAIMONDI Le Chavin Standford Project Le site péruvien (en espagnol) consacré
plus particulièrement à Chavin :
le "Lanzon"
L'apparition, au mileu des ténèbres, de cette divinité
cruelle au rictus atroce, laisse une impression pénible, mais un
souvenir inoubliable.
Conservée au Musée National d'Anthropologie Lima, cette
stèle est considérée comme la plus fameuse pièce
d'art lithique de la civilisation de Chavin. Elle fut découverte
par le voyageur italien Antonio Raimondi en 1855 dans la maison
d'un paysan habitant non loin du site et qui l'avait récupéré
pour s'en servir de table à manger !
La pierre mesure 1,95 m de haut sur 74 cm de large. Son épaisseur
est de 17 cm. La surface entière, absolument plate et polie, est
occupée par un personnage à l'apparence humaine, mais doté
d'attributs zoomorphes, couronné de multiples masques de félin
superposés desquels partent deux rangées de rayons obliques
terminés par des têtes de serpents ou des volutes. Il porte
dans chaque main deux objets symétriques, en forme de sceptres,
à la signification éminemment symbolique : plusieurs chercheurs
ont considéré qu'il pouvait s'agir d'une sorte de faisceau
de rayons représentant la pluie. Un motif semblable apparait aussi
sur la Porte
du Soleil de Tiahuanaco.
Il est à noter que ce personnage central est uni dans la partie
supérieure à une autre tête, celle-ci inversée.
Cette dualité céphalique pourrait être le symbole
d'une sorte de "baiser cosmique" que l'on retrouve aussi sur les colonnes
monolithiques du temple de Chavin. Si l'on considère que la théocratie
qui devait diriger cette culture était essentiellement basée
sur le culte de la fertilité, on peut supposer que l'artiste qui
sculpta la stèle de Raimondi, sous la direction des prètres,
voulut représenter un couple divin qui aurait été
à l'origine du monde.
Entre 1995 et 1998, une équipe Américaine de l'Université
de Stanford, conduite par John Rick, s'est livrée à un inventaire
et un relevé géodésique exhaustifs (25 000 points
relevés) du site, y compris du réseau de galeries souterraines.
Les données ainsi récoltées et modélisées
sur ordinateur ont permis à John Rick de réaliser une visite
interactive de Chavin en 3D, disponible sur CD-Rom. Le site web (en anglais)
du Chavin Standford Project propose également la visite 3 D du
Templo Temprano et du Templo Tardio :
http://www.stanford.edu/~johnrick/chavin_wrap/chavin/instructions.html
Sommaire / Introduction / Archéologie / Pages du Dictionnaire A, B, C... / Bibliographie
e / Introduction / Archéologie / Pages du Dictionnaire A, B, C... / Bibliographie
e / Introduction / Archéologie / Pages du Dictionnaire A, B, C... / Bibliographie