Elitisme
Le régime monarchique et aristocratique des Incas,
basé sur une société rigoureusement
compartimentée en castes, professait bien évidemment un
élitisme hautain dont l'une des expressions figure dans l'un
des "Syllogismes" attribués à l'Inca Tupac
Yupanqui
: "Il n'est pas bien d'enseigner
aux enfants des plébéiens les sciences qui
appartiennent aux nobles;
il est à craindre, en effet, qu'ils ne s'élèvent
et ne s'enorgueillissent et ne ruinent la république. Qu'il
leur suffise d'apprendre les métiers de leurs pères.
Gouverner et commander n'est pas le fait des plébéiens,
et c'est faire offense à cette office et à la
république que de les commettre aux gens du commun".
Tupac Inca Yupanqui, qui passe chez les historiens pour une sorte de
despote éclairé, professait également un certain
scepticisme religieux mais pensait, fort aristocratiquement, que le
peuple a besoin d'avoir une religion.
Encomienda
Système mis en place par les Espagnols lors de la
Conquête du Pérou, groupant sur un territoire
donné plusieurs centaines ou milliers d'indiens au travail
forcé, et sans rétribution, de la terre ou des mines
(d'or, d'argent) sous les ordres d'un encomendero
espagnol (il s'agissait en général de l'un des
conquistadors).
Les mineurs, en particulier, furent victimes d'abus et leur situation
déplorable, bientôt connue en Europe, devint un objet de
blâme de la part des adversaires des Espagnols. Les
indiens réagirent en fuyant vers les contrées peu
accessibles. Cette fuite devant la mita (ou
corvée) disloqua les communautés agraires dans
les pays de mines.
Fardo funéraire - V. page : ...dans les sables de PARACAS
FELIPILLO
Les Espagnols baptisèrent de ce nom un indien qu'ils
prirent à Tumbes lors du second voyage de Francisco Pizarro
(1526), en compagnie d'un second qui reçut le nom de
Martinillo, afin de leur apprendre la langue castillane et de les
faire servir, plus tard, d'interprètes.
Le chroniqueur Herrera, affirme que Francisco Pizarro emmena
Felipillo en Espagne, lorsqu'il alla signer les Capitulations de
Tolède en 1529. La quasi-totalité des chroniqueurs
mettent en avant son attitude très défavorable à
l'Inca Atahualpa,
lors de sa captivité à Cajamarca : hostile à la
caste des Incas, Felipillo aurait feint de mal traduire certains
propos de l'Inca, malveillance qui contribua certainement à
sceller son destin.
Plus tard, lors de l'occupation espagnole de Cuzco, il semblerait que
Felipillo ait pris le parti de Manco Inca qui tramait un
soulèvement général contre les conquistadors. Il
fut finalement capturé, puis
éxécuté.
GALLINAZO
La période culturelle de Gallinazo, ou période
de Virú, du nom de la vallée
côtière du Nord-Pérou où elle fut
étudiée, se développa entre 300 avant J.-C. et
500 après J.-C.. Elle appartient aux débuts de la
Période Formative et fut à la fois
antérieure et contemporaine de la culture Mochica. Dans le
style, elle se caractérise par une céramique
décorée en négatif, possédant de nombreux
traits communs avec la céramique du type Recuay et
Vicús.
Les installations humaines de la période Gallinazo prennent
définitivement la forme de villages, certains
s'élèvent sur une éminence naturelle et
consistent en larges agglomérations de bâtiments.
D'autres se regroupent autour d'une pyramide et sont donc des centres
religieux et peut-être aussi administratifs. Les demeures sont
construites en adobes, les adobes coniques des premières
époques faisant place successivement aux adobes rondes puis
aux rectangulaires, quand elles ne sont pas remplacées par le
matériau employé sous la forme brute qu'on appelle
tapia.
C'est aussi vers cette époque que se
développèrent dans le Nord du Pérou la
construction de canaux d'irrigation : on retrouve encore, ici et
là, des parcelles de terrain reliées entre elles par
d'étroits canaux.
GRAN
PATAJEN
De tous les grands sites pre-incaïques du Pérou,
celui du Gran Patajen (également nommé El Abiseo, ou
Yaro), dans la région du Haut-Marañon, est certainement
le moins connu du grand public pour son isolement et sa
difficulté d'accès, puisqu'il faut compter plusieurs
jours de marche pour l'atteindre.
Découvert en 1963, à demi enseveli sous une
épaisse végétation, et récemment
étudié en 1985-1987, il est formé de
constructions circulaires élevées sur une colline en
demi-lune, sur le versant oriental de la zone selvatique et
montagneuse qui sépare le cours du Rio Maranon de celui du Rio
Huallaga.
Ces édifices circulaires, dont les diamètres varient
entre 2 et 15 m, s'élèvent sur des terrassements
empierrés et sont construits sur deux niveaux mesurant au
total 4 m de haut. Les dalles de pierre crayeuse formant les parois
étaient asujetties par de la boue séchée. Une
corniche en saillie marque la séparation des deux
étages. On y accède par des escaliers de pierre, des
vestiges de chemins pavés les relient entre eux, serpentant
entre les courbes de niveau de la colline.
La renommée et la valeur du site sont dues à la
décoration -unique en son genre- des murailles
extérieures des parties basses de chaque édifice,
ornés à profusion de motifs géométriques
ou anthropomorphes, dont la figure la plus emblématique est un
personnage accroupi, aux bras écartés, la tête
surmontée d'une large coiffe. La figure du personnage est une
cabeza-clave (tête sculptée et enfichée dans la
paroi en forte saillie, comme à Chavin); tous ces
élements décoratifs ayant été
éxécutés en granit rose.
On associe en général les ruines du Gran Patajen à la culture des Chachapoyas, qui édifièrent plus au Nord la formidable forteresse de Kuelap, bien que l'on trouve ici des influences plus anciennes, notamment des cultures du Callejon de los Conchucos, elles-même héritières tardives de la civilisation de Chavin.
Guano
Engrais composé d'excréments d'oiseaux marins
ou guaneros , particuliers aux côtes péruviennes.
Une cinquantaine de millions de guanayes, piqueros, pélicans
et petits oiseaux de mer peuplent quelques quatre-vingts iles et
ilots rocheux, totalement arides et stériles. Les brumes
froides de la Corriente Peruana , ou Courant de
Humboldt, créent en effet une chaîne ichtyologique
transformant la mer péruvienne en la "soupe de poissons" la
plus riche des mers du globe, qui favorise ici le pullulement avien
des oiseaux de mer qui viennent se reproduire.
Déjà pratiquée au temps des Incas, la
récolte du guano, qui représenta au 19e siècle
l'une des principales ressources économiques du Pérou,
se fait encore aujourd'hui à plus petite échelle,
notamment dans les îles Ballestas, au large de Pisco : les
campagnes de ramassage ont lieu tous les six ou sept ans, lorsque la
couche de guano représente une hauteur
appréciable.
©Daniel DUGUAY /
dduguay@club-internet.fr
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