Dictionnaire
des
et
des civilisations du Pérou ancien
Ichu Incas (caste des) Costume de l'Inca,lorsqu'il
Mot quechua désignant une espèce de paille qui
sèche rapidement sur pied. Plante fourragère
spéciale à la zone frigide des punas et de
l'altiplano. Unique pâturage des hautes altitudes (4000 m
et plus).
La Reine, ou coya, portait un vêtement pareil à
celui des autres femmes de l'empire, mais en tissu beaucoup plus fin.
Le manteau, la lliclla, était attaché devant par
une broche en métal précieux, le tupu;
C'était le privilège de l'Inca et de la noblesse que de
porter les cheveux courts.
Au sommet de la pyramide politico-sociale qui
régissait l'empire inca, régnait l'Inca, ou
sapa Inca (l'Unique roi) dont le pouvoir était
absolu. Tous ceux qui appartenaient à la caste
des Incas étaient du même sang et descendaient
du Soleil. On les appelait les "fils du Soleil" ou Intip
Churi. L'lnca, chef du pouvoir politique et religieux,
résumait la puissance de l'empire et ses .sujets
devaient montrer devant lui une attitude de soumlission. I1
se faisait porter en litière. et se distinguait par
sa coiffure, les fins tissus avec lesquels on avait
confectionné sa tenue...
L'habillement du souverain inspirait le respect, ainsi que
son attitude digne et impassible. Les dessins de Guaman Poma
nous montrent que les vêtements de l'lnca et de la
Coya (son épouse) ont varié suivant les
époques, mais l'insigne le plus important de la
majesté impériale a toujours été
le llautu, un ruban en laine de vigogne,
enroulé plusieurs fois sur la tête. Sur le
front, le souverain portait la mascapaycha, genre de
mitre semi-circulaire en plumes d'oiseau. De ses oreilles,
pendaient de lourds ornements en or, qui lui arrivaient
jusqu'aux épaules.
Quant au costume, il se composait d'un vêtement qui
lui venait aux genoux, en laine de vigogne: l'uncu,
soutenu à la taille par le tocapu, large
ceinture de brocart. Il portait en outre un manteau
orné d'or, et mettait dans ses cheveux un disque
d'or, représentant le Soleil, symbole de sa
dignité.
administrait la justice.
Tous les membres de la caste avaient de grands anneaux d'or dans les
lobes perforés des oreilles. C'est pour cette raison que les
Espagnols les surnommèrent orejones ("grandes
oreilles"). Les enfants royaux avaient des titres différents;
par exemple, les princes célibataires recevaient le nom de
auqui, et les princesses ñusta. S'ils se
mariaient, les premiers adoptaient le titre d'Inca et les
secondes de palla (première épouse).
Inti
Nom donné au Dieu-Soleil au temps des Incas, qui se
présentaient comme les fils de ce dernier et en
imposèrent partout le culte. Il semble bien qu'Inti -
ou le Soleil - soit devenu à cette époque (à
partir du 14e siècle) une divinité à la fois
politique et agraire. Historiens et ethnologues s'accordent
à dirent aujourd'hui qu'il n'était ni la
première ni la plus haute divinité de l'univers magique
des anciens Péruviens. Divinité "officielle" des Incas,
il se superpose aux divinités antérieurement
adorées dans les provinces qu'ils avaient annexé
à leur empire. Mais sans parvenir à les supplanter tout
à fait, raison pour laquelle, à côté de
ses temples nouvellement édifiés, les Incas
laissèrent subsister la plupart des autres cultes (comme par
exemple celui de Pachacamac)
dans les régions qu'ils avaient soumises.
Inti Raymi
La plus grande et la plus fastueuse fête du calendrier
inca, qui était célébrée au mois de Juin
à Cuzco,
capitale de l'empire.
L'Inti Raymi était à la fois la fête du Soleil,
mais aussi de I'Inca et de ses collaborateurs. Pour cette occasion,
les grands dignitaires des provinces et les délégations
du peuple arrivaient de partout. Le jour du solstice -
déterminé par les astronomes - avant le lever du
soleil, l'on commençait les festivités principales,
dans le Coricancha ou Temple
du Soleil et sur la
Huacaypata.
Le cérémonial était imposant... L'Inca
apparaissait. accueilli par ses parents et ses dignitaires, et se
dirigeait vers le Temple du Soleil, sur une litiére en or.
Pour cette circonstance, le monarque s'était fait coiffer
différemment, avec deux mèches lui tombant sur les
oreilles, retenues par le ruban rouge du llautu. Il portait
également un collier d'émeraudes et des pendentifs,
composés de deux pierres précieuses, symboles du Soleil
et de la Lune. Le cortège était formé de la
Coya, ou impératrice, du Villac Oma, le
grand-prêtre du Soleil, des membres de la famille royale et des
musiciens. Sur la grand-place de Cuzco, s'étaient
assemblés les guerriers les plus illustres du pays, ou
Sinchis. Les musiciens entonnaient des airs tristes et
lugubres, exprimant ainsi leur tristesse, causée par l'absence
de l'astre vénéré.
Lorsque Inti, le dieu Soleil, illuminait le Temple du Coricancha,
I'Inca se levait et saluait son père celeste; cent mille voix
accompagnaient ses ovations.
Cette fête avait lieu, non seulement à Cuzco, mais aussi
dans le pays entier; de nombreux repas et boissons étaient
distribués dans les dépôts publics, de la part de
l'empereur. En même temps, l'on accomplissait dans les temples
et les oratoires d'innombrables sacrifices, notamment de lamas noirs,
dont on utilisait les entrailles pour prédire l'avenir. Mais
l'on éxécutait aussi des sacrifices de fillettes ou de
jeunes enfants.
Justice et morale
"Les Incas n'édictaient jamais de lois pour étonner
leurs sujets ou leur permettrent de les éluder, mais pour les
appliquer contre ceux qui auraient l'audace de les enfreindre ".
(Garcilaso de la Vega : Commentaires Royaux, IV,3)
La sécheresse de cette observation est bien sentie;
malgré tout, la législation rigoureuse des incas
laissait cependant apparaître un certain souci de la
justice.
Dans chaque communauté, l'administrateur ordinaire de la
justice était le curaca, ou chef du village, placé sous
l'autorité du gouverneur inca de la province. Lorsqu'un
délit avait été commis, l'accusé
paraissait devant le curaca, accompagné de témoins
susceptibles de fournir quelques renseignements. Si le prévenu
avouait son délit, il était puni selon la
gravité de sa faute. Si, malgré la torture, il
n'avouait pas, et dans le cas où aucune preuve n'était
fournie contre lui, on le remettait en liberté; toutefois, au
moindre écart, il était condamné à
mort.
L'on tenait compte à la fois des affirmations des
témoins comme de l'accusé, qui devaient prêter
serment sur le nom de l'Inca, sur le Soleil et les divinités
tutélaires (huacas) de sa province. Il est à noter que
le code criminel interdisait aux femmes d'être témoins,
parce qu'elles sont "de nature, trompeuses, menteuses et faibles". Le
témoignage des pauvres n'était non plus pas
reconnu,"car il est plus facile (entendez : il revient moins cher) de
corrompre un pauvre qu'un riche".
Il existait deux prisons importantes, aux environs de Cuzco,
directement sureillées par des fonctionnaires impériaux
: dans l'une, on pendait le criminel par les pieds, jusqu'à ce
que mort s'ensuive, dans l'autre, on pratiquait une espèce de
"jugement de Dieu" : c'était la fameuse Sancayhuasi,
littéralement "maison de l'épouvante". Il
s'agissait d'une grande caverne, jonchée de pierres aigues et
d'épines, peuplée d'ours, de pumas, de reptiles et
d'insectes venimeux : si le criminel qu'on y avait descendu pieds et
poings liés était toujours en vie au bout de deux jours
et deux nuits, il était remonté au jour et
grâcié.
KENCO
Site archéologique situé à 4 km de
Cuzco, sur la route menant à Pisac. Le mot Kenco (ou
Q'enqo) signifie "méandre", ce qui explique la nature
de cet ensemble formé entre autres de canaux taillés
dans la roche qui parcourent en zigzag une longueur de 3 ou 4 m.
On y trouve un amphithéâtre, esplanade de 630 m2
limité par un mur incurvé donnant l'impression d'une
ellipse, et comportant 19 grandes niches, une fontaine et une
construction souterraine à laquelle on accède par deux
portes : la légende voudrait que ces souterrains se prolongent
jusqu'aux palais impériaux, dans Cuzco.
L'ensemble de roches travaillées en forme de trônes, les
canaux et l'autel, rocher sculpté en forme de puma, devaient
avoir une quelconque fonction religieuse.
Kero Les conquistadors et surtout les
prêtres dominicains ne tardèrent pas à
dénoncer les keros comme des objets de culte
païens et en détruisirent un grand nombre. Kero cuzquénien
en forme de tête
Objets cylindriques de petite taille, évasés
vers le haut et reservés au culte du Soleil et à ses
libations, les keros incas sont en céramique, en bois
ou en métal. Les artisans les décoraient avec
sobriété de dessins géométriques (qu'une
chercheuse, Victoria de la Jara, a récemment identifié
comme étant une sorte d'écriture
idéogrammatique). Cet art évolua vers la polychromie et
la représentation animale peu avant l'arrivée des
espagnols.
La production des keros ne disparut cependant pas totalement
et, à l'époque coloniale, les familles de la
noblesse inca assimilée en conservaient l'usage pour
des cérémonies privées. A la fin du 18e
siècle, alors que le nationalisme indien était
exalté par la rebellion de Tupac Amaru, les keros,
dépositaires culturels de l'histoire et des mythes
ancestraux, devinrent des symboles de résistance.
Kipu - ou Quipu
Les Incas ont été des statisticiens de
génie et ont assuré - en grande partie - leur pouvoir
par l'exacte connaissance des ressources aussi bien humaines
qu'économiques de leur empire : l'instrument utilisé
dans ce but était le kipu, série de cordelettes
de différentes couleurs suspendues à un cordon, en
manière de frange, et portant des noeuds qui
représentaient des chiffres.
A l'extrémité inférieure, chaque noeud valait
une unité, plus haut il figurait une dizaine, plus haut encore
une centaine, puis un millier et près de
l'extrémité supérieure une dizaine de mille. Les
couleurs indiquaient l'objet de la statistique, mais comme elles sont
en nombre limité, leur signification variait avec le sens
général. Le vert désignait, par exemple,
soit une céréale dans une statistique agricole, soit
l'armée ennemie dans une statistique militaire. "Comme nous en
combinant nos vingt-quatre lettres de différentes
manières, nous formons une infinité de phrases, de
même les Indiens avec leurs noeuds et leurs couleurs expriment
les innombrables significations des choses" écrit le
Père de Acosta dans son Historia natural de las Indias
.
Ainsi les initiés seuls pouvaient
comprendre, manipuler et tenir à jour les kipus : il
s'agissait des kipumayocs (littéralement
"maîtres des kipus"), sortes de fonctionnaires
spécialisés dans cette tâche, qui
dépendaient d'un grand "kipumayoc en chef" établi
à Cuzco, personnage importantissisme et redoutable, dont le
poste équivaudrait aujourd'hui à celui de Ministre de
l'économie et du plan.
Pour faciliter l'intelligence de ces documents, on avait convenu d'un
certain ordre préalable. Dans les statistiques d'armes,
la première cordelette désignait la lance,
regardée comme noble, puis les flèches, les arcs, les
javelots, les massues, les haches, les frondes, car les objets eux
aussi connaissaient une hiérarchie.
Les fonctionnaires subalternes tenaient la comptabilité
complète de leur groupe et la faisaient parvenir à
leurs chefs. Les chiffres remontaient tous les degrés de
la hiérarchie administrative jusqu'aux gouverneurs qui les
remettaient à l'Inca. Dans la capitale, des gardiens de
kipus recueillaient les statistiques de l'empire entier et
étaient chargé de les interpréter. Ils
devaient donc avoir une excellente mémoire. Leur travail
était facilité par une spécialisation
extrême : un gardien était chargé des cordelettes
démographiques, un autre des cordelettes sur les magasins de
céréales, un autre sur les cordelettes militaires, etc.
Toute fraude, tout oubli étaient sévèrement
punis.
KUELAP
Très important site archéologique du Nord du
Pérou, les ruines de la forteresse préincaïque de
Kuelap, à 38 km au Sud de Chachapoyas (département de
Amazonas) et à 3072 m d'altitude, ont été
découvertes en 1843 par Juan Crisostomo Nieto. En 1967, alors
que le site était en partie recouvert par une épaisse
végétation, des travaux de dégagement et des
fouilles y furent conduits par l'archéologue A. Ruiz
Estrada.
Kuelap fut probablement, sinon la capitale,
du moins le plus vaste édifice du royaume des indiens
Chachas, c'est-à-dire de la région de
Chachapoyas,
que les Incas ne parvinrent à soumettre qu'au prix d'une
campagne extraordinairement difficile, sous le règne de Huayna
Capac au début du 16e siècle.
On s'y rend à partir de Tingo, petit village situé sur
la route de Chachapoyas à Celendin. De là, un sentier
mène, après 4 h de marche, à un vaste ensemble
en forme d'ellipse allongée, orienté Nord-Sud, qui
occupe le sommet d'une colline. La forteresse, aux proportions
colossales, est constituée de plusieurs terre-pleins de 15
à 20 m de large sur lesquels s'élèvent de
gigantesques murailles de pierre qui atteignent parfois 15 à
20 m de hauteur.
Le matériau employé est un granit rose dont les blocs
sont assujettis par un mortier d'argile jaune. Les deux
murailles principales représentent plus de 100 000 blocs de
pierre taillées dont on estime le poids total à dix
mille tonnes.
La forteresse de Kuelap est surtout fameuse pour son système
d'entrée : il s' agit d'un étroit couloir de 35 m de
long, surplombé de remparts et de tourelles qui monte vers la
plateforme supérieure tout en se rétrécissant,
de sorte que d'éventuels assaillants n'auraient pu y passer
qu'en file indienne, exposés à une grêle de
pierres et de flèches lancées des parapets. En
supposant qu'ils aient pu franchir ce premier obstacle, une seconde
difficulté, en forme de piège mortel, avait
été ménagée par les architectes de Kuelap
: la seconde porte donne accès à une rampe en forte
déclivité qui semble conduire à la plateforme
supérieure de la forteresse, mais s'achève en fait...
sur un précipice.
A l'intérieur, on compte jusqu'à 34 maisons de forme
circulaire dénommées torreones , qui
abritèrent peut-être une population de 2000
habitants.