Tabac
Comme la coca, les Espagnols découvrirent cette plante au Pérou et l'introduisirent en Europe. Le docteur sévillan Nicolas Monardes en écrira des merveilles dans son "Traité des choses apportées de nos Indes, et de la pierre bézoard ainsi que de l'herbe scorzonère" (Séville, 1565).

Taclla
Principal instrument agricole du monde andin, la taclla, ou chaquitaclla, sorte de manche muni d'une lame et d'un ergot pour appuyer le pied, servait aux indiens à retourner la terre, en l'absence d'animaux de trait, et donc de charrue. Son apparition est antérieure aux incas et elle est toujours en usage aujourd'hui.
"Pour labourer, ils avaient un instrument appelé taclla, fait d'un bâton de la grosseur du poignet et long d'un peu plus de deux coudées, comme une échasse." (Guaman Poma de Ayala).

Tahuantinsuyo (ou Tawantinsuyu)
Nom que les Incas donnaient à leur empire avant la colonisation, le nom "Pérou" étant une création espagnole. En quechua, Tahuantinsuyo signifie "le pays des quatre sillons" ou "des quatre directions", c'est-à-dire des quatre points cardinaux, à partir de Cuzco, "nombril du monde" et centre de l'empire.
Suivant l'explication qu'en donne Garcilaso de la Vega :
"Les rois incas divisèrent leur royaume en quatre parts qu'ils appellèrent Tahuantinsuyo , ce qui veut dire les quatre parties du monde, conformément aux quatre parties du ciel : orient, levant, septentrion et méridiane. Ils en définirent comme point central la ville de Cuzco, nom qui dans la langue particulière des incas, signifie "nombril de la terre": ils l'ont nommé nombril à bon escient, parce que tout le Pérou est long et étroit comme un corps humain, et cette cité s'y trouve juste au milieu".
(Garcilaso de la Vega : Commentaires Royaux, II, 3).


Indiens labourant avec la taccla
(dessin de Guaman Poma)

Tambo (ou Tampu)
Au temps des Incas, construction en dur, souvent en pierre de taille, qui servait à la fois d'auberge, de relais de poste et de magasin tout au long du
Chemin de l'Inca. Les voyageurs au service de l'empereur y trouvaient gîte et subsistance, ses armées pouvaient y refaires leur vivres. Certains tambos , situés près des centres névralgiques ou dans des provinces nouvellement conquises, étaient fortifiés, tandis que d'autres ressemblaient d'avantage à des entrepôts, quelque chose comme une coopérative agricole.

TAMBO COLORADO
Dans la vallée du rio Pisco, sur la "Via Los Libertadores" montant vers Ayacucho, cet ancienne agglomération précolombienne bâtie en adobes, occupant une surface de 500 sur 200m de long, est l'un des sites Incas les mieux conservés de la côte Centrale. Elle a été restaurée dans les années 60.
Tambo Colorado, qui fut probablement la capitale du Chinchaysuyo après la conquête des provinces côtières par les incas, dut faire fonction à la fois de vaste relais de poste fortifié et de centre administratif politico-religieux. Les constructions s'étagent sur une succession de longues terrasses adossées à une colline, les plus importantes se dressant autour d'une vaste esplanade trapézoïdale. On y distingue un palais, des casernes, des dépôts, des cours, etc. Les bâtiments sont pourvus de niches régulièrement disposées et parfois couronnées d'un crénelage où l'on peut reconnaître des restes de peinture rouge et jaune.
A droite de la route, se dressent les vestiges d'un édifice plus complexe qui fut peut-être un temple. Certaines parties de l'ensemble remonteraient à une époque antérieure aux Incas, selon l'archéologue péruvien Emilio Harth Terré qui l'explora en 1928.


Place et dépôts dans l'un des secteurs Tambo Colorado.

TAMBOMACHAY
Ensemble de ruines incas proches de Cuzco dont le nom signifie "lieu de repos", situées à 5 km au Nord-Ouest de
Sacsayhuaman, à environ 3700 m d'alt.
L'ensemble des ruines occupe une surface d'environ 450 m2, constitué par une série de quatre murs de retenue, le plus haut creusé de niches. Sur l'un des côtés de l'ensemble, se trouve une fontaine dont les eaux descendent par des vasques et des cannelures taillées dans la roche. L'endroit était certainement réservé à l'Inca et à sa suite.
Non loin de là, sur la route menant vers Cuzco, se dresse la forteresse de
Puca Pucará qui devait abriter les soldats de son escorte.

TANTAMAYO
A 140 km au Nord de Huanuco, dans une région particulièrement difficile d'accès, l'archéologue français Bertrand Flornoy découvrit en 1945 un vaste complexe composé d'une quarantaine de sites issus d'une culture pré-incaïque originale qui s'échelonnent entre 3400 et 4100 m d'altitude au-dessus de la rive droite du rio Maranon.
L'un de ces secteurs, celui de Piruru, a fait l'objet de fouilles réalisées en 1980 par Elizabeth Bonnier et Catherine Rozenberg. La particularité de cet ensemble de sites est l'architecture de ses maisons en forme de tours carrées qui comptent parfois jusqu' à 4 ou 5 étages, desservis par des escaliers de pierre en colimaçon, percées de fenêtres et protégés par des murailles de 2 m de haut. Ces édifices, construits vers le 9e ou 10e s. après J.-C. appartiennent - bien que d'une taille beaucoup plus considérable - à la famille architecturale des
chullpas. L'époque de leur construction et ce style architectural permettent de les assimiler à la phase d'expansion Tiahuanaco-Huari, qui pénétra vers le nord du Pérou en descendant la vallée du haut-Maranon, jusqu'à la région de Chachapoyas.

Temple du Soleil - v. page : CUZCO ou le "nombril du monde"

TIAHUANACO

TINYASH
Cette cité pré-incaïque, édifiée par la peuplade des Huacrachucos, a pour particularité d'être, au Pérou et dans toute l'Amérique, l'ensemble archéologique le plus élevé en altitude (4160 m).
Les ruines de Tinyash dont le temple était, semble-t-il, dédié au dieu des
Tiahuanaco-Huari, furent explorées par S. Antunez de Mayolo en 1934, et plus tard par D. Thompson et R. Ravines. Tinyash est caracterisé par sas constructions massives de pierre, matériel avec lequel furent également édifiés les toits à deux versants. Les salles intérieures sont de dimensions assez réduites : il s'agit là probablement de mausolées à plusieurs étages qui durent servir aussi de lieux de culte. On trouve également à Tinyash d'autres ensembles architectoniques, l'un d'eux présentant un mur semi-circulaire décoré d'un "ceinturon" de couleur blanche pour lequel ont été employés des fragments de quartz.

TITICACA, lac

TITU CUSI YUPANQUI (1526-1570)

Tocapo (ou Tokapu)
Etoffe fine de laine de vigogne, à damiers remplis de dessins géométriques multiples. Tissées en bandes, elles servaient de franges à l'uncu (tunique) des hommes et aux anacos (mantes ou capes) des femmes de la nation Inca. L'art du tocapo est relativement tardif : il apparut et se développa à l'époque de la dynastie de Vilcabamba et se transforma, après la fin des derniers Incas régnants, en une sorte de symbole de l'aristocratie indienne du Cuzco. Aussi bien le tocapo que ce vase de bois réservé aux offrandes, le
kero , qui était orné des mêmes motifs géométriques, font figure d'expression artistique néo-incaïque et de résistance culturelle à la domination espagnole.
L'étude des tocapos, comme celle des keros, a récemment mis en lumière l'existence (possible) d'une sorte d'écriture idéogrammatique, véhiculée par ce moyen au temps des derniers Incas. Ces études n'en sont qu'à leurs débuts.

Tonapa
Nom aymara de la divinité préincaïque de la foudre et des éclairs, dont le culte apparut sur les bords du lac Titicaca. On s'accorde à reconnaître son effigie dans le motif ventral de la Porte du Soleil de
Tiahuanaco. Après le dieu Soleil et Viracocha, les Incas en firent l'un des dieux le plus important de leur panthéon céleste, sous le nom d'Illapa.


TOQUEPALA (Grotte de)
Située dans la région de Tacna (extrême-Sud du Pérou), non loin du centre minier du même nom, cette grotte de 10 m de profondeur, 5 m de large et 3 m de hauteur, est fameuse pour ses peintures rupestres, parfois superposées les unes sur les autres, qui représentent des scènes de chasse au guanaco et auxquelles on attribue un sens magico-religieux. La datation au carbone 14 les font remonter à près de 10 000 ans.
Herman Buse a pu dire à leur sujet qu'il s'agissait d'une véritable "pinacothèque de l'art paléolithique". Les figures représentées sont relativement petites : de 5 cm de haut pour les chasseurs, et 10 cm pour les animaux. Dans toutes les scènes, des hommes pourchassent des auquénidés avec des armes qui pourraient suggérer l'arc ou le propulseur. La représentation d'un chien, très réaliste, est tenue par Muelle comme étant postérieure car elle diffère nettement du style et de la couleur rouge-brique employée pour les autres figures d'animaux.

TORO MUERTO
Le site de Toro Muerto, à 160 km de la ville d'Arequipa, dans le Sud péruvien, présente l'un des plus vastes ensembles de pétroglyphes, ou de pierres gravées de l'époque précolombienne. S'étendant sur près de 4 km2, il comprend pas moins de 5000 blocs erratiques de pierres gravées, ornées parfois d'un seul dessin, parfois de plusieurs motifs. Il fut visité et étudié pour la première fois par l'archéologue Eloy Linares Malaga en 1951.
Les pétroglyphes de Toro Muerto ne sont pas tous contemporains : les blocs ont été gravés sur une période couvrant entre 800 et 1500 après J.-C. : on y retrouve des influences des cultures Tiahuanaco-Huari, Chuquibamba et Inca.
Les motifs ornant les pétroglyphes sont assez variés : figures zoomorphes représentant des oiseaux, des poissons, des mamifères, formes géométriques à partir de lignes, de points ou d'arbres et de fleurs stylisés. On trouve aussi des représentations humaines : musiciens et danseurs avec leurs ornements de plumes.


Trépanations - V.
Médecine et chirurgie

TUCUME
Situé dans la basse-vallée du Rio La Leche, près du village de Mochumi à une vingtaine de km de Lambayeque, ce vaste complexe archéologique est également connu sous le nom de El Purgatorio. Il occupe une superficie de 220 ha où l'on relève la trace de 26 structures pyramidales datant sans doute de 600 à 1000 après J.-C. Tucume. ou El Purgatorio, est certainement le point culminant de la culture
Lambayeque, influencée par les cultures Chimú et Tiahuanaco-Huari. Il devait s'agir d'une petite ville bâtie au pied d'une éminence rocheuse, le Cerro la Raya, et dont le plan circulaire comprend des restes d'habitations, de pyramides consacrées aux cultes, de terrasses et de patios.
Le site présente des traces d'occupation allant de la culture initiale de Lambayeque jusqu'à l'occupation inca, comme en témoignent les deux édifices les plus remarquables : la Huaca Larga, aux dimensions colossales, construite en adobes recouverts d'un enduit peint, et le petit Templo de la Piedra Sagrada, fouillé par l'archéologue Alfredo Narváez, qui livra de nombreuses informations sr les pratiques religieuses de l'époque de Lambayeque. Les objets recueillis ont été réunis dans le petit, mais très intéressant Musée du site.
Le célèbre Thor Heyerdahl s'y est installé en 1987 pour poursuivre les recherches qu'il avait entamé avec son expédition du Kon-Tiki et tenter de prouver sa théorie du peuplement de la Polynésie à partir du continent américain.

TUMBES
Actuelle préfecture du département de Tumbes, frontalier de l'Equateur, cette ville moyenne, autrefois orthographiée Tumbez, semble avoir été, aux temps préhispaniques, l'une des principales agglomérations des indiens
Cañaris en même temps qu'un port actif, que les Incas, sous le règne de Huayna Capac, occupèrent et remodelèrent en y construisant des dépôts, des temples et un couvent des vierges du Soleil.
Cieza de Leon relate que, lorsque les Espagnols arrivèrent pour la première fois à Tumbes (1528), ils découvrirent une ville "nichée dans une agréable vallée, très peuplée et comptant de nombreux édifices incas, parmi lesquels une grande forteresse et un temple monumental élevé sur l'ordre de Huayna Capac, dont les murs étaient recouverts de plaques en or, au sein duquel travaillaient d'habiles orfèvres, tout particulièrement voués au culte du Soleil. Il y avait aussi une maison des femmes choisies qui comptait 200 jeunes vierges occupées à filer de somptueux et délicats tissus".

Tumi
Couteau sacrificiel, le plus souvent en or, utilisé dans les cultures Mochica et Lambayeque. Dans l'un des plus beaux exemplaires qui ait été conservé (le tumi de Lambayeque du Museo de Oro de Lima), le manche est une magnifique pièce d'orfèvrerie sertie de pierres précieuses à l'effigie du dieu Naymlap (ci-contre). La lame est courte et arrondie en forme de demi-lune.


TUMIPAMPA (ou TOMEBAMBA)
Nom que portait, aux temps des Incas, l'actuelle ville de Cuenca, en Equateur. Elle avait été fondée par l'Inca
Tupac Yupanqui qui désirait en faire une ville somptueuse, un second Cuzco. Son succeseur Huayna Capac (le père des futurs frères ennemis Atahualpa et Huascar), qui la préférait d'ailleurs à Cuzco, en avait fait la capitale du Nord de l'empire et y résidait souvent.
Cieza de Leon s'y rendit en visiteur en 1547 et fut impressionné par ce qu'il vit : "Ces fameuses demeures de Tumibamba se situent parmi les plus belles et les plus riches de tout le Pérou.. Le temple du Soleil est construit avec des pierres ajustées par l'art le plus délicat; certaines sont volumineuses, noires, et brutes, d'autres semblent extraites du jaspe... Les façades de la plupart des édifices sont magnifiques et remarquablement décoratives; certaines sont incrustées de pierres précieuses et d'émeraudes. A l'intérieur du temple du Soleil et des palais de l'Inca, les murs sont recouverts de feuilles de l'or le plus pur; on y trouve aussi de nombreuses statues du même métal... Tout ce que les lndiens ont pu dire de ces résidences est, à en juger par les restes, encore bien loin de la réalité... ". De cette ville, aujourd'hui disparue, ne subsistent que les ruines d'un édifice de forme circulaire connu sous le nom d'Incapirca.

TUPAC YUPANQUI, INCA

Tupo (ou Tupu)
1) Mot d'origine aymara, assimilé dans le quechua, qui signifie en général "mesure" (de distance ou de superficie).
Dans son premier sens de mesure de la distance linéaire, il correspondait à environ une lieue et demie, soit un peu plus de 7 kms. Un de ses multiples était le huaman (vol du faucon), soit trente fois plus, c'est-à-dire 216 kms.
Un second sens du mot tupo était lié à une mesure de superficie agraire : il correspondait alors à une parcelle de terre arable (sa superficie exacte variait d'une région à l'autre) dévolue à une famille-type d'un
ayllu, lui assurant une production suffisante pour subvenir à ses besoins entre deux récoltes. Le mot tupo , dans ce sens, est très voisin du mot chacra .
2) Grosse épingle à tête décorative, en argent (certaines, à l'époque incaïque, étaient en or), utilisée pour fermer le manteau féminin ou le châle.


Sommaire / Introduction / Archéologie /Bibliographie / Chronologie